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The get down

La Street School

Y'a des mecs comme ça ils veulent faire du ciné, ils essayent, ils réussissent. Ils veulent produire des groupes de rap, ils essayent, ils réussissent. Ils veulent devenir DJ, ils essayent, ils réussissent. Para One, c'est ça. Et le pire dans tout ça ? C'est qu'on en redemande.

Para One

DJ
Quand on regarde ta page Wikipedia, on a l'impression que tu as 1000 vies en une. Tu peux nous en dire un peu plus ?

Je suis tombé très jeune dans le hip hop, ça m'a toujours plu. Mais j'adore aussi le cinéma, alors je suis entré à la FEMIS, d'où je suis sorti diplômé en 2005. A ce moment­ là, j'ai basculé sur la musique. Je sentais qu'il fallait que je le fasse maintenant. Ça n'attendrait pas.

J'ai démarré ma carrière solo et j'ai fait de la musique électronique. Pas seulement du hip hop, mais tout ce qu'il est possible de faire avec des machines. Notamment des musiques de film. Parallèlement à ça, j'ai aussi produit des groupes comme TTC, Birdy Nam Nam ou des artistes comme Micky Green...

Evidemment, tout est lié au départ, ça s'est juste diversifié avec les années.

Est-ce qu'il y a un moment dans ta carrière où t'as vraiment eu le sentiment de t'imposer, de te dire « ça y est, j'y suis » ?

Clairement, y'en a deux. Quand j'ai rejoint TTC pour les produire, c'était extraordinaire. C'était l'avènement d'une génération. Cette impression d'inventer un son uniquement par nous-mêmes… On imitait rien, on faisait fusionner plusieurs choses, on essayait, on bricolait. C'était une période bénie. Mon aventure avec TTC, c'était quelque chose à partir de presque rien. C'est une des périodes les plus fondatrices de ma carrière. Tout ça, ça a enrichi ma vision du monde. Le deuxième, c'est ma collaboration avec Céline Sciamma. Là, j'ai compris qu'une longue amitié pouvait vraiment être une source d'inspiration très forte. Ce lien humain-là, celui qui te pousse à aller encore plus loin à chaque projet, ça te donne des ailes.

« La musique, c'est une émotion au premier degré. »

Etre dj, c'est plus une expérience en solitaire, alors que faire du cinéma ou produire des groupes, c'est quelque chose de plus collectif. Tu as besoin des deux pour créer ?

Complètement. J'alterne entre l'effusion et la solitude. A l'époque où j'ai commencé à produire, on avait un studio où on se retrouvait tous, ça crée une émulation c'est vrai. Mais c'est une erreur de ne faire que ça je pense. Il faut prendre le temps d'être avec soi, de moins se laisser influencer par les autres. C'est comme l'inspiration et l'expiration. On a besoin de se fermer pour se rouvrir. Dans tous les cas, je ne vais pas faire des choses pour faire des choses. Faut le sentir.

Et maintenant, tu en es où ?

Ça fait deux ans que je travaille sur un double projet : un film et une musique. J'ai écris un scénario avec Céline Sciamma pour le film que je vais moi­-même produire. En ce moment, je suis dans un travail de recherche : j'élimine toute la rythmique envahissante de la musique électronique, celle qu'on entend en club, pour libérer de l'espace. Là, j'ai beaucoup de choses à dire. J'ai aussi énormément voyagé pour ce projet. Je suis allé enregistrer des musiciens du monde entier, en Indonésie, au Maroc, en Bulgarie... Pour une fois, je ne m'éparpille pas et je me concentre sur ce projet. Il devrait sortir en 2017.

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Groovez avec la playlist du pro du beatmaking
Si tu pouvais donner un conseil au jeune Para One ?

La patience. C'est sûr. Après, je ne pense pas qu'il y ait de bons conseils. Chacun trouve son style. C'est ça la personnalité. C'est une grave erreur de vouloir aller trop vite. Je pense que je suis allé trop vite. Mais bon, c'est mignon, on est jeune, on veut que ça sorte le plus vite possible, on peut pas résister ! Cette période où on rêve d'exister est magique ! C'est une erreur de croire qu'elle est juste douloureuse parce qu'on n'existe pas. C'est bien aussi de pas exister, de juste commencer à exister. Une fois qu'on est à sa place, on est rassuré. Mais on a perdu cette fébrilité incroyable, ce terreau à nouvelles idées qui est irremplaçable.

« À une époque je trouvais ma liberté seulement dans la musique. »

Est-ce qu'il y a une chanson qui te donne la patate ?

Cette semaine c'est Magic de Circle City Band, c'est typiquement un morceau qui pourrait passer dans une block party de The Get Down ! Sinon, Me, myself and I, j'ai dansé dessus et je l'ai joué toute ma vie.

La photo de couverture de Para

« Le hip hop, c'était le truc le plus cool du monde. »

Une chanson de la honte ?

N'importe laquelle de Mylène Farmer. Je l'aime vraiment. Elle fout la race à tout le monde si on réfléchit bien. Elle est là depuis tellement longtemps. Bon, je ne vais peut-être pas la passer au Berghain. Quoique. Ça serait une idée…

Qu'est ce qui t'a plu dans The Get Down ?
J'ai bien aimé le romantisme, l'intensité dans laquelle se mettent les personnages. Le fait d'avoir enchanté un territoire déshérité avec des idoles, des rêves inaccessibles… C'est typique de l'adolescence.
Y'a-t-il un ou des passages qui t'ont marqué ?
Tout ce qui concerne la bande de potes qui découvre le hip hop. Ils ont un côté « Goonies » assez attachant.
Quel est le personnage qui t'a le plus plu ? Pourquoi ?
Shaolin Fantastic sans hésiter. J'aime qu'il ait un coup d'avance sur les autres. Il me fait penser à quelqu'un que j'ai connu dans la vie, qui m'a beaucoup introduit à ce qu'est le hip hop, alors que j'avais justement l'âge des personnages.
Qu'as-tu pensé de la musique dans la série ?
J'ai apprécié qu'on puisse enfin se rendre compte du melting pot musical qui a donné naissance au hip hop. Bien évidemment l'influence du disco, mais aussi du post punk. C'est quelque chose qu'on oublie trop souvent : toutes ces musiques ont coexisté.

The Get Down

Bronx. Années 1970. Pauvreté, crise et violence. une bande d'ados perdus, sans avenir s'attache à ce qu'il lui reste dans la vie : la musique, la danse et le rythme. Découvrez comment d'un sous-sol oublié, le hip hop est devenu une vraie culture cool. Promis, The Get Down, c'est une série avec du shake ton booty dedans.

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