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The get down

La Street School

Quel est le point commun entre un cours de compta, le hip hop et une casquette ? Il s'appelle Pantheone et croyez-nous, vous allez en entendre parler. Déborah, la créatrice a tout quitté pour monter son rêve et créer sa start-up. Aujourd'hui elle renverse les codes de la mode et son style street dépoussière les idées.

Pantheone

Styliste
Comment tu en es arrivée à créer Pantheone ?

J'ai commencé par une prépa de compta finance. C'est le coup classique : j'étais pas trop mauvaise à l'école, on m'a conseillé ces études là en me disant que l'artistique, c'était pas bien, blablabla... Résultat, j'ai tout arrêté pour une école de stylisme à 20 ans. En stage, chez Andrea Crews, j'ai tout appris. Je suis vite devenue chef d'atelier et je participais à tout : les défilés, les collections, la production des prototypes... J'ai eu beaucoup de responsabilités, ça m'a très vite formé. C'est ça qui m'a donné le courage et le cran de monter Pantheone y'a 7 ans. Je sais dessiner, je sais coudre, j'adore défier les règles de la mode et coudre des choses qui ne se cousent pas : du bois, des bijoux, des baskets, des casquettes...

Ah tiens ! La fameuse robe casquette, tu peux nous en dire plus ?

Clairement, ça a été fondateur. Le détournement, on le faisait déjà chez Andrea Crews. On travaillait avec Nike par exemple. Quand je suis partie, je savais que je voulais monter Pantheone et pousser encore plus loin le détournement.

J'ai toujours été très street et très hip hop, alors j'ai voulu détourner un objet culte dans le hip hop et qui le représente : la casquette ! En plus, avec la casquette, on peut construire des volumes. C'est magique à détourner. On peut tout faire, c'est sans fin. On a par exemple imaginé une quinzaine de super­héroïnes et leurs costumes. Dans toutes mes collections y'a toujours une pièce qui est street couture. C'est notre haute couture à nous ! Elle peut être en casquettes, en baskets...

Mon défi c'est de détourner des choses qui viennent de la culture street.

« J'aime bien défier les règles de la mode et de la couture. »

Qu'est-ce qu'il te plaît justement dans la culture street et dans le hip hop ?

Ça se décide pas je crois. Quand on arrive à l'adolescence, on choisit le mouvement qui nous parle. J'ai toujours écouté du hip hop. Ma manière à moi de m'exprimer, c'était justement de casser les clichés qu'on pouvait avoir. Par exemple, quand on fait un défilé, c'est pas comme on l'entend sur un catwalk. Nous, on fait des shows, des performances avec des danseuses, des vogueuses*. Comme Marion Motin ! Nos danseuses, ce sont nos égéries. Elles nous suivent depuis le début. De toute manière, je pense qu'on est tous là parce qu'on veut apporter notre pierre à l'édifice. Nous, on le fait par les fringues.
*Danseuses qui détournent les poses des mannequins de Vogue en musique.

Comment se passe la création d'une collection ?

Souvent, on taffe sur 3 collections en même temps. Celle qui est en boutique, on s'occupe des shootings, des visuels, etc... Celle qu'on est en train de prototyper, et celle d'après. Plus on travaille, plus la créativité vient. Quand on s'arrête jamais, ça vient tout le temps. Des fois c'est nul, des fois c'est bien, mais ça vient. Pour imaginer une nouvelle collection, je reste toute seule, je mets la musique très très fort et je laisse venir.

Make your mark

Les moodboards de la queen du street style vous inspire des looks
Est-ce que y'a un moment où tu t'es sentie fière de Pantheone ?

Oui carrément, quand j'ai vu que l'esprit et l'âme de Pantheone plaisait et parlait à des gens. C'est ce qui me donne la force de me lever et de me battre. Comme lorsqu'on a vu que Rihanna portait un de nos bonnets pour répéter ses chorés. La claque ! Y'a aussi Oxmo Puccino, Joey Starr qui nous soutiennent. C'est fort.

« Monter sa boîte, vivre son rêve et se battre pour, y'a pas mieux. »

Dans la série, les jeunes du Bronx forment une vraie team. Pour toi aussi c'est important d'être un crew ?

Seule, on peut pas y arriver. Avoir l'envie et la rage de faire quelque chose, c'est primordial, c'est sûr. Moi, j'avais envie de faire quelque chose d'instinctif et d'impulsif. On t'attend pas, ta place, faut la faire. Mais tu peux pas la faire toute seule. Avec Hélène et Jeanne, mes associées, chacune a son pôle et chacune apporte ce que l'autre n'a pas. Que ce soit professionnellement ou humainement. On est toujours fourrées ensemble. Notre premier défilé, c'était fou. C'était en 2013, pour les 10 ans d'EdBanger. C'est le moment qui m'a donné le plus d'émotion. A ce moment­ là, on s'est dit qu'on pouvait mourir demain.

La photo de couverture de Pantheone

« Personne t'attend, faut la faire ta place. »

Est-ce que tu as une tenue de la win ?

Mon blouson Pantheone. Je le mets quand j'ai besoin de me sentir forte et en confiance.

Qu'as-tu préféré dans The Get Down ?

Ce qui m'a le plus touché c'est l'énergie de ces jeunes. Ils veulent y arriver avec pas grand chose, le faire ensemble et surtout, ils veulent vraiment faire bouger les choses. Il suffit d'y croire pour y arriver. Je me suis beaucoup retrouvée dans cette énergie-là.

De mon côté, j'ai vécu ces trucs-là 10 ans plus tard qu'eux. Je faisais partie d'une bande qui taguait, qui faisait des breaks... Dans la série, on retrouve aussi cette synergie qui existe entre tous ces arts. Je suis une fille du hip hop. Et toutes les filles aimant le hip hop regarderont cette série avec curiosité et surtout avec plaisir.

Y'a t'il des passages qui t'ont particulièrement marqués ?

Quand Gran Master Flash pardonne à Shao et lui donne ses conseils de mentor. Ce que j'aime dans la série c'est le lien entre le mentor et son élève, le respect qui se crée, cette relation de confiance. On est emporté par les discours entre deux vrais passionnés. J'ai toujours eu un mentor moi aussi. L'autre passage qui m'a scotché, c'est quand ils réussissent à faire leur concert et qu'ils déchirent tout.

Quel est le personnage qui t'a le plus plu ?

Sans hésité, Shaolin Fantastik. Déjà je suis tout de suite tombée amoureuse de lui. Il représente vraiment l'essence du hip hop en touchant à tous les arts. Il peut tout faire et il est hyper charismatique. Il représente le BG avec ses chaussures rouges toujours nickels et ses petits looks biens pensés. Il montre bien ce que pouvait être la rue à cette époque. Il vit dans un squat, il deale, il a des arrangements avec la mafia... Il est plus proche de la réalité de la vie dans le Bronx. On comprend grâce à lui la dureté de la vie là-bas.

Quel est le personnage auquel tu t'identifies et pourquoi ?

Ezekiel. Pour son combat entre ce qu'on attend de lui - faire un stage à Manhattan - et sa passion : la musique. Il est partagé entre sa vie d'artiste et ce que la société attend de lui et de sa vie. Il se reconnaît pas là-dedans et finit par suivre son coeur.
Ça me parle beaucoup. Ça fait écho à mon propre parcours.

Quel est ton look préféré ?

Shaolin Fantastik encore et toujours ! Je suis amoureuse de lui je vous l'ai dit ?

Son petit blouson m'a fait craqué tout particulièrement. Côté filles, elles sont un peu trop funk. Alors que lui, il a vraiment le style hip hop dans lequel je me retrouve.

The Get Down

Bronx. Années 1970. Pauvreté, crise et violence. une bande d'ados perdus, sans avenir s'attache à ce qu'il lui reste dans la vie : la musique, la danse et le rythme. Découvrez comment d'un sous-sol oublié, le hip hop est devenu une vraie culture cool. Promis, The Get Down, c'est une série avec du shake ton booty dedans.

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