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The get down

La Street School

Sous sa casquette, 2shy a des idées. Beaucoup d'idées. Les couleurs au bout des doigts et des formes géométriques plein la feuille, le mur ou l'objet, il transforme en oeuvre graphique et design tout ce qu'il touche. Son job à lui ? Remettre de la poésie et de l'innocence sur le béton et sur les toiles. Et ça marche. La preuve.

2shy

Graphic Designer
T'as commencé en faisant des graffitis, tu as toujours eu envie de faire ça ?

La première fois que j'ai vu un mec faire un graff, j'étais gamin et je me suis dit « C'est vraiment bizarre de mettre de la bombe de peinture sur un mur. ». La fois d'après, je suis tombé sur quelques bombes dans la cour du lycée. À partir de ce moment, je ne les ai plus lâchées ! J'ai fait des études de peintre en lettres, c'est-à-dire peindre des enseignes publicitaires. C'est pas du graff, c'est du graphisme. Aujourd'hui, je mixe les deux.

Qu'est-ce qui t'a poussé à te lancer dedans à fond ?

C'est une partie de ma vie le graffiti. Y'en a qui passent leur temps à faire du skate, du bmx, de la musique... Moi c'est le graffiti. Ca fait partie de ma vie, de moi, ça m'a fait évoluer. C'est mon moteur. C'est un milieu hyper fort, il y a une camaraderie. Tes potes de graffitis, tes vrais potes d'enfance, tu les gardes toute ta vie. C'est niais, mais c'est vrai. On vit tellement de choses ensemble. C'est important d'avoir des potes sur qui tu peux compter.

« Je sais toujours pas dessiner. »

Comment tu définirais ton style de dessin ?

Je sais toujours pas dessiner en fait. Si tu me demandes de dessiner un cheval, je sais pas. Oui d'accord, je vais faire une tête et quatre pattes, mais ça sera un cheval à ma façon, pas un cheval cheval. Je crois que mon « manque de savoir dessiner », c'est mon style en fait.

Tous mes dessins, toutes mes toiles, ça reflète une période de ma vie et ce que je ressens sur le moment. En ce moment par exemple, j'adore les couleurs flashy. Peut-être que d'ici 3 ans, je serai dans ma période noir et blanc. Les dessins d'il y a 10 ans, je les aime plus. Je les renie pas, j'en suis fier, c'est une pierre à l'édifice comme on dit, mais je les déteste. C'est comme ça, on évolue en même temps que son art.

Comment tu t'es diversifié ? Comment tu es passé du graffiti à tout ce que tu fais aussi à côté ?

Le côté plus artistique, il a démarré à Liège, quand j'ai rejoint des amis dans leur collectif. Eux, ils commençaient vraiment à faire des expos. J'étais pas trop dans ce trip à l'époque, mais ils m'ont montré une nouvelle façon de voir le dessin. C'était quelque chose de post-graffiti. Evidemment, c'est quand même des lettres de graffitis que je transforme. C'était entre le lettrage, l'illustration, le graphisme… Au début, j'ai fait un truc minuscule comparé à eux, mais j'étais quand même là. J'ai vu ce que c'était de monter une expo, faire un vernissage, des flyers… C'est ce qui m'a lancé sur tout le reste.

Si tu devais donner un conseil au jeune 2shy, tu lui dirais quoi ?

Crois en toi. Faut avoir une estime de soi, sans se la jouer maître du monde hein, mais ça permet d'avancer. Je me dirais aussi, prends ton temps de faire les choses. Si tu fais un truc où t'es pas prêt, ça risque de te porter préjudice. Tant qu'on fait les choses avec honnêteté, on les fait bien. C'est ça qui compte.

« Le graffiti, ça a rythmé ma jeunesse. C'est mon moteur. »

Qu'as-tu préféré dans The Get Down ?

La ressemblance avec ce que j'ai vécu quand j'ai commencé le graffiti. Dans le graffiti, y'a une bible, Subway Art, c'est le premier bouquin qui est sorti officiellement sur le graff dans les métros de New York pendant les années 1970. Dans la série, ils ont repris plein de graff qui étaient dans cette bible-là. C'est très cool. Y'a des images où on voit les métros rouler avec les vrais graff dessus. Ils ont réussi à mélanger l'histoire romancée avec la réalité de ce qu'était le hip hop à ce moment-là. Ça m'a plu, c'est mon enfance, mes débuts dans le graffiti. Nous aussi on était une bande de copains. On se soutenait dans les galères. Eux c'est pareil, sauf qu'ils sont DJ, danseur, graffeur... Il y a aussi plein de références à Star Wars et X-men. Moi aussi j'étais à fond dedans quand j'étais p'tit. C'était même mes premiers dessins les X-men ! Ça me ramène forcément à moi et à mon histoire.

Ce qui est très cool aussi, c'est toute l'esthétique de New York qui ressort de la série: les enseignes lumineuses, les lettres peintes, les barber shop, les marchands de glaces, les typos à l'américaine...

La photo de couverture de 2shy

« Avoir une estime de soi, ça permet d'avancer. »

Y'a t'il des passages qui t'ont particulièrement marqués ?

A un moment, y'a deux jeunes qui parlent : Shao et Grandmaster Flash. Là Shao dit qu'il faut qu'il fasse ci, et qu'il essaye ça... Et l'autre lui répond : Develop your own myth. C'est ça le hip hop, faut pas suivre les autres. Faut développer son propre truc.

Vers la fin de la saison, quand Zeke fait son discours. Il fait des références à des noms de graffeurs célèbres, ceux qui peignaient les métros. C'est beau de rendre un hommage à ces gens qui ont existé et qui ont fait que le hip hop est ce qu'il est aujourd'hui.

Quel est ton look préféré ?

Celui des méchants, les Warlords ! Ils ont un look un peu de bikers avec leurs vestes en jean, les gros écussons dans le dos... Y'en a même un qui a un casque d'Allemand !

Quand tu regardes les premiers graffeurs, ils n'écoutaient pas du tout du hip hop. C'était Led Zeppelin, les Stones... Le hip hop est arrivé en même temps, du coup ça a tout de suite été connoté hip hop, mais je connais plein de gens qui font du graffiti et qui écoutent du métal ou du rock. C'est bien d'avoir aussi gardé ce côté-là de l'histoire du graffiti et du hip hop.

The Get Down

Bronx. Années 1970. Pauvreté, crise et violence. une bande d'ados perdus, sans avenir s'attache à ce qu'il lui reste dans la vie : la musique, la danse et le rythme. Découvrez comment d'un sous-sol oublié, le hip hop est devenu une vraie culture cool. Promis, The Get Down, c'est une série avec du shake ton booty dedans.

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