1952. Sur le point de passer le Détroit de Gibraltar, le navire royal risque d’être exposé aux tensions régionales. Le capitaine ne fait pas le malin à la barre. Pas mieux du côté du ponton. Personne ne veut tenter le coup, il faut rebrousser chemin. No way. Le bateau de la Reine ne fait pas demi-tour, annonce Elisabeth.
Pourquoi certains résistent mieux à la pression que d’autres ? Faut-il être né avec des prédispositions pour prendre la bonne décision dans une situation de stress ? Paul Sullivan, journaliste du New York Times, a décortiqué la question dans son livre Clutch: Why Some People Excel Under Pressure and Others Don't. Ce qu’il appelle « clutch » (emprise ou contrôle), c’est cette capacité à réagir positivement à la pression.
Pendant des années il a étudié les stars de la finance et du sport, deux milieux où les pros sont soumis à de hauts niveaux de stress et où leur capacité à y faire face est immédiatement sanctionnée. On perd ou on gagne. On prend la bonne décision ou pas. « Je voulais vraiment établir que le « clutch » ne dépend pas de la chance. C’est la capacité à faire sous une extrême pression ce qu’on ferait naturellement dans des conditions normales. Je définis le « clutch » comme la combinaison de focus, de discipline, d’adaptabilité, de « being present » et d’équilibre entre la peur et le désir » explique Paul Sullivan.
Tout ça, ça se travaille.
La discipline, par exemple, qui permet de mettre de côté les émotions, vient avec l’entraînement et le focus sur l’objectif. Les traders ont cette discipline de réajuster sans cesse leur stratégie pour ne pas perdre d’argent le jour suivant. Les sportifs eux aussi travaillent quotidiennement leur technique, pour s’appuyer dessus et ne pas s’écrouler sous la pression le jour J.
Dans Outliers: The Story of Success, Malcolm Gladwell démontre que les « outliers » (i.e. personnes exceptionnellement douées dans leurs domaines, sport, business etc.) ont cumulé 10 000 heures de pratique avant de réussir.
Il s’appuie ainsi sur une étude qui établit que les meilleurs joueurs de hockey canadien sont nés entre janvier et mars. A l’école, à l’âge de 5, 6 et 7 ans, ces garçons nés au premier trimestre de l’année sont les plus vieux, les plus forts et potentiellement les plus matures. Résultat : ils sont plus à même d’être sélectionnés dans de bonnes équipes de hockey avec un meilleur coaching et plus de temps d’entraînement. Et donc ils atteignent leurs 10 000 heures plus vite que les autres. Mathématique.