Où faire la sieste à Paris ?

Dali a inventé une méthode infaillible pour faire des micro-siestes qui ravigotent en deux temps trois ronflements. Armé d'une cuillère en argent et d'une casserole, il se calait dans son fauteuil. Le bras sur l'accoudoir, la cuillère dans la main, la casserole posée par terre juste en dessous. Une fois bien installé, il fermait les yeux. Quand la cuillère tombait dans la casserole, il était temps de se réveiller. Alors, une sieste surréaliste, ça vous tente ?

Il est 16h, Paris s'agite. Vous avez habilement rembarré les vendeurs à la sauvette et esquivé la cohorte de touristes flanquée aux pieds du Sacré-Coeur.
Faites l'autruche, vous méritez un break. Etendez-vous tranquillos' sur la pelouse, posez votre casque sur vos esgourdes et dites "bye-bye Paris" pendant au moins 15 bonnes minutes.

14h30. La torpeur d'un déjeuner copieux. Les paupières qui papillonnent. Et la question qui vous taraude : où roupiller en paix ? Éclipsez-vous dans le premier bar à sieste de Paris. Vous débarquez avec votre fatigue, et vous la laissez là. Bercé par une douce musique et une lumière tamisée, oubliez vos soucis de la journée. Pendant que Paris s'épuise, vous vous requinquez. 

Quand? Le dimanche, quand les voitures disparaissent de la circulation et que les piétons redeviennent les rois du macadam.
Où? Le long de la Seine, sous la station Pont-Marie.
On ne vous en dit pas plus. Il va falloir le débusquer seul. Et oui. Qu'est-ce que vous croyiez? Monsieur Hamac est courtisé. Vous n'êtes pas seul à convoiter ses balancements soporifiques. Et si la place est déjà prise, vous n'aurez qu'une route à franchir pour trouver un petit coin d'herbe pour vous la couler douce au bord du fleuve.

Passez en mode zen et trouvez votre position la plus feng-shui pour vous détendre. Sous les ombres chinoises des grands bambous, à la délicate musique de l'eau ruisselant de cascades en cascades, au rythme paresseux du nénuphar qui divague dans sa mare. C'est l'endroit parfait pour un sommeil relaxateur.

Tous les dimanches du mois de juillet, le théâtre de verdure du musée Branly se transforme en dancefloor. Un dancefloor où personne ne danse. Le mot d'ordre : chiller. Ambiance bullage au son des platines, calé en pente douce, laissez le soleil vous chatouiller et la musique vous détendre. Vous pouvez ronfler tranquille, le DJ se charge de vous couvrir.

Transatter n.m. : Action de statuer plusieurs heures d'affilée, niché dans un transat. Pratique très répendue ches les amateurs de Dolce Vita. 
Si vous voulez vous prêter à l'exercice, direction La Vagalame. Casez-vous en bord de Seine et imaginez les vents marins vous titiller. Les Alizés tropicaux vous taquiner, la chaleur du Sirocco vous cajoler et le Mistral vous revigorer.
Mettez-les voiles quelques temps.

Roupiller dans le jardin des iris, somnoler à l'abri d'une grotte, s'endormir sous un araucaria du Chili ou simplement se prélasser dans l'herbe... on vous laisse l'embarras du spot à condition de laisser aller votre oisiveté. Relâchez vos mirettes et rêvez de Louis XVI et de Marie-Antoinette tout fardés se dandinant au pied du château de Bagatelle.

890 mètres de longueur, 11 mètres de large. Et tout autour, l'eau. Ceci est bien la définition de l'île aux Cygnes, au milieu de la Seine dans le 16e. Trouvez le banc qui officiera comme transat et l'arbre comme parasol. Allongez-vous là. Laissez-vous bercer par le caquettement des canards et comptez les péniches qui voguent juste devant vous pour vous endormir.

Entre l'ambiance fiestapero du canal St Martin et l'affairement désarticulé de la gare de l'Est, réfugiez-vous au Café A. Dans l'ancien couvent des Recollets, ce cloître est un repère de farnienteurs avertis. Avachi dans un transat, seul le bruit croustillant des graviers roulant sous les souliers et les cliquetis des verres qui s'entrechoquent pourront vous extraire de vos songes.

Après vous être hissé en haut de la colline, après avoir mis vos petons à l'epreuve de leur semelle, offrez-vous une pause. Il n'attend que vous : le banc avec la plus belle vue de Paris. Allongez-vous sans hâte et contemplez minutieusement le panorama. Profitez du spectacle des passants qui s'affolent tout azimut, alors que vous êtes là ; paisible privilégié.

Après une balade linguistique dans le parc de la cité universitaire, votre pouls s'emballe, vos pupilles se dilatent et vos mimines ne répondent plus de rien. Pas d'affolement, c'est juste un crush. Scrutez les alentours et trouvez-vous un petit coin à l'abri des regards. Planqués au bord du lac ? Dissimulés par les feuillages ? Cachés dans les jardins ? Qu'importe à condition que vous puissiez vous lover crapuleusement l'un contre l'autre. Pas sûr que cette sieste-là soit de tout repos.

Dites, ça fait combien de temps que vous habitez Paris ? 10 ans ? 15 ans ? Lui, ça fait 411 ans. Il en a vu défiler des premiers baisers, des confidences éhontées, des amours écorchées. Mais il est toujours resté impassible et majestueux. Regardez au dessus de vous : vous êtes sous le plus vieil arbre de Paris.

A deux pas de Saint Michel, dans le square René Viviani, il courtise la Cathédrale Notre Dame depuis plus de 4 siècles. Munissez-vous de votre plaid préféré et installez-vous à ses pieds le temps de quelques ronronnements. Lui, il vous écoutera sans broncher.
 

Quelques coups de pagaie pour vous échapper du rivage et vous voilà coupé du monde. Seul dans votre embarcation, fermez les paupières. Laissez-vous porter par le courant, bercer par le clapotis des vaguelettes sur la proue de votre navire de fortune. Encore quelques noeuds à parcourir avant de refaire cap vers l'agitation du bois de Vincennes.

Après une épopée dépaysante autour du monde. Après avoir échappé aux pièges de la jungle Amazonienne, entre bananiers géants et cacatoes peu farouches. Après avoir esquivé les épineux cactus de la Vallée de la Mort. Après avoir réchappé aux plantes carnivores... vous ferez bien une petite escale dans les jardins reposants de la serre d'Auteuil.

Vous avez certainement déjà flâné sous ces voûtes de briques rouges. Vous êtes-vous déjà demandé ce qui se tramait à leur sommet? Vous auriez dû. Sous une haie arborée ou au délicat parfum des roses d'antan, c'est l'endroit parfait pour une petite pause sur le pouce.